L'avis des membres :
Theophile
(paXitO) : Un épisode attaqué de toute part pour son
simplisme et son manque de scéanrio. Pour ma part il est avant tout une
sympathique excursion en forêt. J'aime donc surtout son atmosphère
bizarrement oppressante et claustrophobique alors qu'on se trouve en plien
milieu d'une gigantesque forêt aux couleurs verdoyantes. Les relations
entre Mulder et Scully, puisque cet épisode commence par nous en parler
par le biais du séminaire, sont amusantes (c'est le premier épisode où
ils dorment dans la même chambre) et assez gentilles avec la chanson que
Scully chante pour endormir son Mulderounet. La conclusion de l'intrigue
qui est que ces créatures seraient les mutations des esclaves que Ponce
de Léon torturait dans cette forêt-même, me plaît assez. AD NOCTUM.
Lara
: Ce n'est pas un GRAND épisode de xfiles, mais il apporte toutefois son lot de bonnes surprises. L'essentiel de l'histoire se déroule dans une forêt plutôt inhospitalière. Pas de voiture, pas de portable.( La seule technologie qui entre dans cette forêt, un détecteur à infra-rouge, finira par leur faire plus de mal que de bien.)
Nos deux agents préférés ne doivent compter que sur leurs connaissances primaires et ancestrales pour s'en sortir.
Finalement, l'intrigue ne compte guère. Elle ne semble être là que pour donner l'occasion à Mulder et Scully de se retrouver seuls, perdus dans cette forêt. Ils s'en tirent pas mal, mais sans plus. Ce ne sont pas de super héros (même pas capables d'allumer un feu !!!). Ils sont juste suffisamment proches l'un de l'autre pour s'entraider et s'en sortir, (tout le monde a en mémoire la chanson que Scully chante à Mulder pour l'endormir...).
Les rôles sont clairement définis. Mulder se jette sur cette enquête pour échapper au séminaire, Scully le suit. Il tombe dans le trou, Scully le soigne. Mais au bout du compte, elle reste le roc sur lequel Mulder s'appuie. Déjà, elle est sa pierre de touche ......
Voilà. Détour ne fait pas avancer le chmilblique, mais nous fait passer un bon moment.
Emilie
: J’ai
été étonnée de découvrir il y a quelques temps sur le forum que l’épisode
”Detour” était franchement controversé. Il me semble au contraire
qu’on y retrouve les éléments ”x-filiens” classiques, avec en plus
un certain nombre de thèmes qui méritent d’être un peu plus creusés
pour mieux apprécier l’épisode en lui-même.
La première chose à laquelle il est fait référence au début de cet épisode
est d’abord le lieu: ”Leon County, North Florida”. L’épisode fait
référence à 4 reprises à Ponce de Léon, et il est peut-être intéressant
de savoir qui était exactement cet homme.
Ponce de Léon est un explorateur espagnol du 15ème-16ème siècle. Ayant
reçu l’autorisation de la part du Gouverneur espagnol pour partir à la
recherche de la Fontaine de Jouvence (sur laquelle je reviendrai un peu
plus bas), celui-ci débarque sur la côte Est de la Floride pour la première
fois en 1513. Il pense d’abord que la Floride est une île, celle de
Bimini, qui selon une légende indienne serait précisément celle qui
abriterait cette fameuse Fontaine de Jouvence.
Il explore donc avec ses compagnons le Nord-Est de la région, sans résultat,
et se voit contraint de rentrer bredouille en Espagne où il doit faire
face à l’humiliation due à son échec.
Cependant, Ponce de Léon obtient l’accord pour coloniser la Floride au
nom de l’Espagne, et convertir les ”sauvages” indiens à la religion
catholique. Religion au nom de laquelle les colons espagnols commettront
des exactions d’un barbarisme sans précédent. Ponce de Léon débarque
donc à nouveau en 1521 en Floride. S’ensuit une lutte avec les indiens
Seminoles - sous groupe des Creeks - qui peuplent cette partie de la
Floride, et ces derniers, refusant de céder leurs terres et
d’abandonner leurs croyances, réussissent provisoirement à mettre en déroute
les espagnols qui quittent finalement la Floride la même année. Ponce de
Léon, blessé à la jambe par une flèche indienne (bien méritée, soit
dit en passant…) meurt peu de temps après avoir déserté la Floride.
Là aussi, après quelques recherches sur les indiens Seminoles, j’ai découvert
une chose à laquelle l’épisode fait indirectement allusion.
En effet, les Seminoles, qui parlaient une langue quasiment commune à
celle d’autres tribus avoisinantes (à savoir le Muskogee), ont surnommé
l’homme blanc lorsqu’il le virent pour la première fois ”homme à
la peau couleur de l’écorce” (je rappelle au passage qu’ils
parlaient bien des colons espagnols, qui ont le teint plus foncé que
celui des européens du Nord). Est-ce la subtilité des scénaristes ou
une simple coïncidence…je pencherais plutôt pour la première
solution!
Passons maintenant aux principaux thèmes qui sont abordés dans ”Detour”.
1.La forêt / l’arbre.
Thème on ne peut plus classique des X FILES, on peut cependant en parler
selon différents points de vue.
Les Seminoles, comme tous les indiens d’Amérique du Nord, attribuaient
un esprit à tous les animaux et végétaux. La nature est fondamentale
dans les croyances, les coutumes et la culture des indiens. En effet,
c’est le domicile des Esprits et surtout le symbole de la pérennité
(thème qu’on retrouve aussi dans la légende de la Fontaine de
Jouvence). L’arbre est la matérialisation des Esprits et joue un rôle
majeur dans ”l’histoire de la création”. Ainsi, de nombreuses légendes
indiennes prétendent que l’arbre fut l’un des premiers éléments
terrestres à avoir été créé.
D’un point de vue social, il faut comprendre à quel point la forêt a
joué et joue encore un rôle important dans l’histoire et l’économie
de cet état: cette région des Etats-Unis est incroyablement riche en forêts
aux arbres multi-centenaires, et sont en quelques sortes des ”monuments
historiques” pour la population, mais surtout des ”monuments sacrés”
pour les indiens. Quel rapport avec l’épisode, me direz-vous? Eh bien
c’est simple: ces forêts et ces arbres incroyablement âgés exercent
à la fois une fascination et une peur sur les gens, et attribuer un
esprit et une vie à ces végétaux rejoint finalement l’idée
principale des scénaristes.
Du point de vue de ”l’Homme civilisé”, il en est tout autrement. Le
début de l’épisode en est la preuve la plus flagrante: l’un des deux
géomètres, Sloan, se fiche royalement de ce qui va bientôt être détruit.
Il s’apprête à anéantir un milieu qu’il ne connaît même pas. Il
représente à lui seul le stéréotype de l’Homme destructeur. Le dédain
avec lequel il parle n’est compensé que par la rapidité avec laquelle
il devient la victime de cette nature.
Et puis on peut remarquer aussi le parallèle avec l’épisode
”Darkness Falls”. Là aussi il est question d’arbres multi-centaines
qui ont été abattus et qui sont pourtant significatifs de la Vie sur
cette planète: ”This tree’s 500 years old”. L’âge de ces
gigantesques végétaux en font les premiers témoins de l’Histoire,
Histoire qui est d’une certaine façon ”rasée” en même temps
qu’eu.. Le point commun entre ces deux épisodes, c’est que l’arbre
est aussi considéré comme une entité à part entière. Une entité qui
peut, pour se venger, provoquer la mort d’un être humain.
Enfin, d’un point de vue ”mythologique”, la forêt a toujours fait
figure de ”monde à part”. C’est le lieu où se déroulent des évènements
merveilleux, fantastiques, magiques, et dans bon nombre de contes et légendes,
des êtres imaginaires et effrayants viennent hanter les forêts et
effrayer même les plus courageux. C’est bien le cas ici. Des créatures
inconnues, un milieu angoissant et étouffant que la lumière du soleil ne
semble jamais atteindre, et quelques victimes potentielles…voilà la
base d’une recette qui marche à tous les coups. Une sorte de conte pour
adulte en fait…qui ne se termine pas vraiment bien, puisque même si les
victimes sont retrouvées, les créatures, elles, n’ont pas disparue et
sont plus menaçantes que jamais.
Ceci dit, du point de vue des créatures elles-mêmes, il s’agissait
bien, au départ, d’une forêt-refuge qui les a protégé depuis
plusieurs siècles mais qui se trouve menacée par ”l’envahisseur”
humain.
2.La Fontaine de Jouvence.
Il y a plusieurs origines à cette légende, puisque c’est un thème à
peu près universel et commun à un grand nombre de cultures très
diverses. En effet, il y a une origine chrétienne et une autre indienne.
La légende chrétienne prend sa source à l’époque médiévale. Les
mythes païens sur la longévité se sont rapidement développés et ont
perduré jusqu’à il y a un ou deux siècles, se fondant dans les
croyances religieuses (la Fontaine de Jouvence a été associé au
Paradis). Les sociétés occidentales, mêmes chrétiennes, ont toujours
été très superstitieuses et réceptives à ce genre de légendes, et la
recherche de la Fontaine de Jouvence était un motif suffisant aux yeux de
Ponce de Léon et du Gouverneur espagnol pour organiser des explorations
aussi coûteuses qu’incertaines. Ceci dit, cette quête n’était pas
uniquement basée sur la Fontaine en elle-même. En effet, selon un prêtre
du 12ème siècle, le mythe de la Fontaine de Jouvence serait associé à
celui de l’Eldorado, ce qui, il faut l’avouer, est un prétexte tout
aussi intéressant que celui de la longévité…
Quant à la légende indienne, qui est venue ensuite se greffer sur la légende
occidentale et qui apparaissait, à l’époque, comme une confirmation de
son existence, il s’agirait en fait d’une source située sur l’île
de Bimini. Les Indiens attribuaient le pouvoir de rajeunir et rafraîchir
l’âge et les forces de celui qui en buvait l’eau et qui s’y
baignait. Et c’est précisément là que l’épisode prend une tournure
intéressante: à la fin de l’épisode, Mulder fait allusion au fait
qu’il se peut que ces ”créatures” aient passé plus de 400 ans dans
cette forêt. De plus, Ponce de Léon pensait que la Fontaine de Jouvence
était bel et bien en Floride. Après le départ des colons suites à leur
défaite face aux indiens, quelques espagnols sont restés sur le
territoire actuel de la Floride. Peut-être que justement ces colons
restants ont trouvé la Fontaine, et que c’est ce qui leur a permis de
survivre si longtemps ignorés de tous (un secret comme ça, ça ne se révèle
pas!) en s’adaptant, comme le dit Mulder, à leur environnement.
3.Les personnages.
La première remarque que je ferai porte sur le nom d’un des deux agents
qui accompagnent Mulder et Scully dans la voiture: Stonecypher. Nom
anecdotique, puisque Stonecypher signifie en français ”message codé
sur une pierre”. Et c’est précisément à la fin qu’on retrouve
cette allusion lorsque l’agent Kinsley remarque ce fameux ”ad noctum”.
Et Mulder (qui sait toujours tout) s’empresse de lui expliquer que c’était
une expression que gravaient les Conquistadores sur les parois de ces
”caves”, expression qui au-delà de sa traduction littérale a surtout
un deuxième sens: celui de l’avertissement, de la mise en garde, de la
menace.
Quant au rôle du personnage de l’agent Kinsley dans l’intrigue, en
dehors de son interaction presque comique avec Stonecypher, c’est d’être
le ”déclic” ou tout au moins le révélateur de ce qui a trait au thème
principal de l’épisode: lorsqu’ils sont arrêtés sur la route au début,
c’est Kinsley qui introduit le premier d’une part le thème de
l’arbre et d’autre part celui de Ponce de Léon ”This tree was here
twenty years before Ponce De Leon landed”…on peut presque résumer
l’épisode à cette seule phrase, puisque tout tourne autour de cette créature
qui a quasiment le même âge et la même apparence que ces arbres
multi-centenaires.
Et c’est aussi l’agent Kinsley qui va clore l’épisode en discutant
à nouveau de ces arbres avec Mulder. Certes, l’agent Kinsley nous
apparaît comme légèrement stupide (ou naïf), aux yeux du spectateur,
à côté d’un Mulder qui a toujours réponse à tout, mais il faut
aussi prendre en compte le fait que c’est lui et Stonecypher qui sont
censés représenter la ”normalité” dans cet épisode. Il est donc évident
qu’il n’avale pas le fait qu’un agent du FBI à la réputation
douteuse insinue l’existence d’un arbre plus ou moins humanoïde
descendant des Conquistadores. Cet épisode est aussi là pour montrer au
spectateur habitué des X FILES que la série et les personnages de Mulder
et Scully n’évoluent pas dans un contexte ”normal” mais bel et bien
paranormal. Et c’est précisément ce décalage entre ”ce qui devrait
être” et ”ce qui est” qui surprend le spectateur qui a perdu depuis
longtemps, à force de suivre Mulder et Scully, les notions de normalité.
Cette normalité est devenue risible même, parce qu’elle ne correspond
plus à la réalité.
Pour en revenir au décalage qui existe entre les ”couples”
Mulder-Scully et Stonecypher-Kinsley, je pense qu’il est vraiment trop
stéréotypé pour être pris au premier degré. La réussite de cet épisode
repose justement sur une alternance constante entre une atmosphère légère
et une atmosphère pesante. La futilité des échanges entre Mulder-Scully
et Stonecypher-Kinsley ne fait que servir l’intrigue en mettant en
valeur le côté sombre et angoissant de l’épisode. Et à cela vient
s’ajouter un contraste entre Mulder et Scully eux-même. Ainsi la scène
où ils se retrouvent seuls tous les deux au milieu de la nuit, perdus
dans une forêt qu’ils ne connaissent pas, rappelle étrangement la scène
du rocher dans l’épisode Quagmire: Scully essaye de profiter de ce
moment ”d’intimité” pour aborder un sujet qui la préoccupe (la
mort en l’occurrence, son cancer…), et Mulder dévie le sujet usant de
son humour habituel, alors que Scully n’a pas pour habitude de se
confier, de se livrer de façon si directe. Mulder a souvent été considéré
comme un individu relativement égoïste, et cette scène tend à prouver
qu’effectivement il ne ressent pas l’importance qu’une telle
discussion peut avoir pour Scully, ceci dit c’est peut-être aussi un
moyen de fuir. Si Mulder devait se préoccuper du nombre de fois où il a
failli mourir, et s’il se posait réellement le même genre de questions
que Scully, jamais il n’aurait la force de continuer sa quête.
Pour en revenir à l’épisode, il est amusant de remarquer à quel point
tous les personnages, quels qu’ils soient (à l’exception des créatures,
évidemment) se ridiculisent eux-mêmes.
Pour commencer: Sloan et Marty. L’un, se complaisant dans son ignorance
et son cynisme, se fait punir en faisant office de première victime;
l’autre, vraisemblablement plus sensible aux problèmes écologiques,
finit de la même façon malgré ses belles paroles.
Vient ensuite Michael Kasekas, le père du petit garçon. L’ironie
dramatique voudra que malgré sa phrase ”Our ancestors were hunters, too.
But most of us have lost those instincts” le chasseur lui-même
deviendra l’animal chassé.
Mulder et Scully. A eux-deux, ils pourraient former une belle paire de
nigauds si Stonecypher et Kinsley ne jouaient pas déjà ce rôle. Entre
le ”My dad and I were Indian Guides. I know these things” et le moment
où Scully essaye lamentablement d’allumer un feu avec la poudre de ses
balles sous les yeux d’un Mulder (l’indian guide, of course!) lui rétorquant
”And maybe it’ll start raining weenies and marshmallows”, il y a de
quoi éclater de rire.
[Un petit aparté pour crier haut et fort, une fois de plus, mon
indignation à propos de la traduction VF de cette phrase là. Traduction
littérale de ”weenies”: saucisses (de Francfort pour ceux que ça intéresse).
Quant à ”marshmallows”, pas besoin de traduire, je pense! :-)
Mulder fait référence à 2 stéréotypes culinaires du scoutisme (quel
que soit le pays d’ailleurs) qui, pour les non-initiés, peu paraître
curieux. Quoi qu’il en soit, les ”marshmallows” donnent lieu à tout
un ”rituel” de dégustation.]
Mulder et Scully, qui ont pourtant affronté des situations bien pire que
celle-ci, se retrouvent tous les deux dans une position quelque peu
burlesque: ces 2 agents du FBI perdent tous leur repères dans une forêt
et sont quasiment incapables de se débrouiller seuls dans ce milieu.
Que dire aussi du moment où Scully va cueuillir des baies, laissant
Mulder derrière elle? ”Diviser pour mieux régner”…en
l’occurrence, Scully n’a dû écouter Mulder que d’une oreille
puisqu’elle s’éloigne de lui son propre chef (alors qu’ils ont
quand même vu disparaître 2 personnes sous leurs yeux). On s’demande,
parfois, s’ils le feraient pas un peu exprès…
Et puis pour en terminer avec eux, on peut aussi les associer au thème de
la Fontaine de Jouvence. Je ne reviendrai pas sur le nombre de fois où
”l’immortalité” potentielle de Mulder et Scully a été abordé,
mais toujours est-il qu’ils sont tout de même une fois de plus
indirectement concernés par ce thème là.
A Mulder et Scully viennent s’ajouter l’officier de police Michele
Fasekas et Jeff Glaser. Le premier personnage se démarque des autres
policiers auxquels X FILES nous a habitué dans le sens où Michele ne
semble pas accorder une réelle importance au fait qu’il puisse s’agir
d’une créature ”hors du commun”…ce qui l’inquiète c’est
uniquement d’empêcher que des attaques se renouvellent. Elle n’a pas
l’esprit borné, et dans un sens, elle se fiche plus ou moins de Mulder
et Scully. Et puis paradoxalement, même si Mulder et Scully sont habitués
aux phénomènes inexpliqués, le spectateur s’attache vite au bon sens
de Michèle, bon sens qui a probablement plus de valeur dans le milieu où
elle évolue que ”l’expérience” de 2 agents du FBI. C’est elle
qui prend les initiatives et qui informe Mulder et Scully sur ce qu’il
faut faire ou ne par faire en cas de problème. Malheureusement, elle a
beau incarner le ”Petit Poucet” en posant des pierres sur des souches
tout au long de son chemin dans les bois (là encore, référence à un
conte célèbre où la forêt joue presque le rôle principal), son ingéniosité
n’aboutira pas à grand-chose puisqu’elle sera la première entre les
4 personnages présents et que le labyrinthe qu’est la forêt se referme
progressivement sur eux.
Quant à son compagnon Jeff Glaser, il est là lui aussi pour prouver que
la technologie et le bon sens n’ont pas lieu d’être dans un monde de
prédateurs…Alors qu’il est censé représenter la sécurité avec son
appareil de détection à distance, c’est lui le plus poltron du quatuor
qui se retrouve le plus désemparé. [deuxième aparté…ils sont forts
chez la Fox, ils arrivent même à se faire de la pub par le biais de Jeff
Glaser qui regarde ”when animals attack on the Fox Network…]. Jeff a
une réaction instinctive qui le pousse à vouloir rentrer au plus vite au
lieu de chercher à secourir Michele qui vient de disparaître.
Je terminerai ma partie sur les personnages par celui qui est au centre de
l’intrigue (enfin ”ceux”, plutôt!), à savoir les créatures.
Tantôt effrayantes tantôt comiques, elles insistent encore sur le
contraste qui semble être le leitmotiv général de l’épisode. Dans
beaucoup de légendes se rapportant à des créatures imaginaires, on
retrouve le même point commun: le ”monstre” en question est
physiquement ridicule, mais d’une méchanceté et d’un diabolisme réel
(gnômes, lutins, etc…). C’est le cas ici aussi…certes, on peut
trouver que ces êtres sont franchement effrayants, mais à les voir
courir, on les trouve vite ridicule. Là aussi le contraste entre leur
apparence et leurs actes est bien réel: ils ont une tactique de chasse
extrêmement bien rodée (ce qui laisse supposer qu’ils sont dotés
d’une intelligence significative) et l’élément qui leur donne cet
air angoissant se situe au niveau de leurs yeux (qui paradoxalement ne
leurs sont pas d’une grande utilité puisqu’ils voient très mal). Et
contrairement à l’épisode ”Darkness Falls”, c’est bel et bien
l’obscurité qui est un atout pour Mulder et Scully puisque les créatures
sont incapables de se repérer.
Ces créatures sont aussi de véritables caméléons puisqu’elles se
confondent parfaitement avec les arbres. Elles sont probablement le résultat
d’une évolution génétique due à leur rapports avec
l’environnement. Toujours est-il que leur pouvoir réside plus dans leur
particularité à se camoufler en prenant l’apparence d’un arbre que
dans leur force physique.
Un autre point ironique apparaît aussi dans cet épisode: ces créatures
sont donc les ”descendants” des colons espagnols, qui gravaient ce
”ad noctum” (vers la nuit, donc) sur la pierre…et elles sont
incapables de se repérer la nuit. L’obscurité ajoutée à leur
mauvaise vue peut apparaître ici comme une forme de ”revanche”. En
effet, même si elles ont une certaine forme d’intelligence, elles ont
perdu toute humanité ainsi que leur aspect social et sociable. A vivre en
marge de la société, elles sont devenues ”sauvages” alors que ce
sont les ”sauvages” indiens qui étaient censés, il y a 400 ans, représenter
l’inhumanité aux yeux des colons. Ce retournement de situation, qui
bien sûr est le fruit de mon interprétation personnelle (et farfelue
peut-être) me laisse à penser que cet épisode est beaucoup plus
”engagé” qu’il n’y paraît à première vue.
4.Bon, j’enchaîne avec les ”messages” ou tout au moins certains
points qui sont aussi propres à la série. A la base, X FILES ne se
contente pas seulement de raconter une histoire. Ce qui a fait sa
popularité, c’est la façon que scénaristes et réalisateurs ont
d’attirer l’attention du spectateur puisque les épisodes ne s’arrêtent
pas au moment du générique de fin.
Le premier message est évidemment d’ordre écologique. C’est un thème
qu’on a déjà vu plusieurs fois (Darkness Falls, The Host, Fearful
Symetry…) et qui évidemment tend à nous montrer les ravages provoqués
par l’Homme sur l’environnement et les risques qu’il encourt lui-même
en brisant l’équilibre naturel. Mais la particularité de la série est
cette tendance à rendre la nature ”agissante” dans le sens où elle
”prend vie” véritablement par le biais de ”monstres” ou de phénomènes
inexpliqués. Et non seulement la nature se rebelle, mais en plus elle
prend le dessus sur l’Homme. Le fait qu’elle soit un danger permanent
vient rééquilibrer les forces, et l’avertissement que ce genre d’épisode
peut donner est tout à fait clair: l’Homme n’est pas prédominant sur
tout!
”If we become blinded by the beauty of nature, we may fail to see its
cruelty and violence”…
Un autre point intéressant, et qu’on retrouve là aussi dans d’autres
épisodes, concerne la religion. En l’occurrence, il ne s’agit pas
d’un épisode mystique, mais là où il rejoint ce thème cher à la série
est dans la manière dont il aborde le problème du comportement religieux
excessif. Dans Detour, il se matérialise dans le ”ad noctum”, symbole
de l’oppression chrétienne sur les indiens.
Pendant la colonisation de l’Amérique du Nord, les missionnaires chrétiens
détruisirent des forêts et abattirent un grand nombre d’arbres sacrés
afin de convertir les populations dites ”païennes” vouant un culte
aux arbres. Ce détail vient renforcer la logique de l’épisode qui
consiste d’une part à réhabiliter l’arbre comme un symbole de vie,
mais aussi et surtout à ironiser sur le sort de ces ”créatures” à
l’origine colonialiste devenues elles-mêmes des ”arbres humains”.
Et pour en revenir au ”ad noctum”, je pense que là aussi il tient une
place importante dans l’épisode. C’était un avertissement adressé
aux indiens, comme le dit Mulder. En effet, la religion chrétienne
reprend en permanence ce symbole qu’est la nuit. Le noir est évidemment
la couleur de la faute, du néant, de la mort et de l’Enfer, et les
colons et missionnaires chrétiens jugeaient bon et nécessaire, bien sûr,
”d’illuminer” les sauvages en les remettant sur le droit chemin
qu’était la religion (catholique).
A cette allusion, vient se joindre un message presque
”historique”…comme je l’ai dit précédemment, Ponce de Léon a
subit un échec cuisant en voulant coloniser la Floride. Cette partie de
la Floride (je parle de Leon County) reste encore très sauvage, ou en
tout cas peu urbanisée, et l’on peut peut-être en tirer la conclusion
que depuis de siècles, il pèse comme une sorte de ”malédiction”
dans le sens où la forêt joue toujours ce rôle d’univers encore
non-dominé par l’Homme. Au cours de l’histoire, la forêt a su résister
à l’envahisseur humain.
Diviser pour mieux régner (Divide And Conquer)…c’est bien sûr la
stratégie type de ceux qui n’ont ni la force physique ni le nombre pour
faire face à leurs ennemis. Alors que les colons ont au contraire repoussé
et réunis les indiens toujours plus à l’ouest des Etats-Unis pour
s’approprier leurs terres, les créatures de cet épisode adopte la
stratégie contraire pour pouvoir conserver et défendre leur territoire.
A motivations inverse, tactique inverse…
En conclusion, je dirais que Detour est un épisode complexe fait de
contrastes ayant pour but de ”perdre” le spectateur en même temps que
les personnages. Sans pour autant faire un amalgame confus des spécificités
propres à la série, on y trouve exactement tout ce qu’il faut pour en
faire un excellent stand alone à la fois légèrement décalé et en même
temps très ”classique” et fidèle à l’esprit de la série. Le
spectateur semble même évoluer en même temps que les personnages dans
cet univers angoissant et mystérieux qu’est la forêt. De plus, cet épisode
est extrêmement bien filmé et les images sont superbes!
En gros, pour dire quelques mots sur mes impressions personnelles, j’ai
vraiment beaucoup aimé parce que cet épisode est truffé de détails et
qu’on prend autant de plaisir à le voir et le revoir qu’à
l’analyser. Un grand bravo à Franck Spotnitz et Brett Dowler!
Jack
The Reticulan :
”Detour”
n’est certes pas un chef-d’oeuvre,ce n’est pas non plus un mauvais
épisode,loin de là.Il possède en effet un certain charme,une atmosphère
à laquelle j’ai été sensible.
Comme le scénario est plutot léger,il faut se laisser porter par
l’ambiance.
Le ”personnage” principal ici,c’est la foret.Omniprésente,elle peut
etre aussi bien un refuge qu’un piège mortel, de jour comme de
nuit.Ambivalence de la nature,illustrée dans la scène où Mulder et
Scully sont isolés, en pleine nuit, et tentent de se réchauffer alors
que les créatures sont à quelques mètres,mais n’attaquent pas.
La technologie ne fait pas le poids face à la nature.Les portables ne
fonctionnent pas dans la foret,et l’appareil IRMA ne déjoue pas complètement
le camouflage des créatures,ces dernières disparaissant régulièrement
de l’écran, semant la confusion chez nos chasseurs qui deviendront vite
des proies.
Séquence amusante:Michele Fazekas sème des cailloux;méthode
rudimentaire de repérage qui contraste singulièrement avec la
technologie mise en oeuvre.
L’épisode n’est pas sans rappeler ”Quagmire”(saison 3),surtout
lors du dialogue entre Mulder et Scully isolés dans la foret.
Ici,Mulder se fait littéralement materner par sa partenaire et celle-ci
nous offre ses talents(?)de chanteuse dans une scène irrésistible.
Quant à la théorie de Mulder selon laquelle des conquistadores menés
par Ponce de Léon auraient trouvé la fontaine de jouvence et se seraient
adaptés à leur environnement sylvestre,elle me convient et je ne la
trouve pas plus ridicule que la croyance aux ovnis.
Sans compter le détour de leur route fait par Mulder et Scully,le titre
de l’épisode fait aussi référence à cette adaptation:des hommes ont
pris un détour dans l’évolution de leur espèce.
Enfin,cet épisode peut etre vu comme étant un ultime hommage,avant le départ
pour LA, à l’extraordinaire décor naturel offert par les forets de
Colombie Britannique qui a maintes fois servi dans la série.
Pat21
: Alors la, lui, juste a lire le resumé, j'avais
été
attirée ! Mais lorsque je l'ai vu, j'ai adoré!!! Enfin,
un episode ou on ne se casse pas la tete, un peu
humoristique mais avec une bonne dose de tension! Et
de l'action!!! Genial, mais sous estimé!!
9/10
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